26/03/2010

Sans-papiers : à Norrent-Fontes, Terre d’Errance mobilisée pour Abraham

L’association Terre d’Errance demande au préfet du Pas-de-Calais d’aider Abraham, un migrant Érythréen arrivé en France en 2005, aujourd'hui menacé d'expulsion.


En Érythrée, seuls l’Islam et les églises orthodoxe, luthérienne et catholique ont le droit d’exister. Du fait de sa confession pentecôtiste, Abraham Mehari Gebremesked a été torturé et emprisonné pendant plus d'un an dans son pays. En 2005, alors âgé de 25 ans, Abraham s’enfuit d’Érythrée et arrive en France, où il dépose sa première demande d’asile. Cinq années plus tard, Abraham vit toujours sans papiers. Depuis septembre 2009, son dossier est pris en main par l'association Terre d'Errance, à Norrent-Fontes.

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Près de 5000 kilomètres séparent Paris d'Asmara, la capitale de l'Érythrée.

 

 

Abraham raconte son parcours, entre l’Érythrée, la France et l’Angleterre (en anglais)


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[Traduction: « Ma première demande d’asile a été rejetée en décembre 2005. Je ne savais pas que je pouvais faire appel, avoir un avocat, aller en commission de recours… Quelqu’un m’a dit : « Ta demande a été rejetée, maintenant si tu ne pars pas, ils vont te renvoyer dans ton pays ». C’était un homme originaire d’Inde, que j’ai rencontré quand j’étais dans un foyer de demandeurs d’asile à Troyes. J’ai essayé d’aller en Angleterre, j’y suis resté deux ans. En 2007, ils m’ont reconduit en France, parce que mes empreintes ont été prises ici. Je n’étais pas bien informé, je ne savais pas comment faire appel. Je pensais qu’une fois la demande d’asile déposée, ils (les autorités françaises) l’auraient acceptée directement. Je ne savais pas ce qu’était la CNDA (Cour nationale du droit d’asile). J’étais seul ».]


La première demande d’asile d’Abraham est rejetée en décembre 2005 par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Mal informé et appeuré, Abraham ne fait pas les recours à temps. Sur les conseils d’un ami, il s’enfuit en Angleterre.

Peine perdue, car les empreintes d’Abraham ont été enregistrées en France. En accord avec la législation européenne, le jeune homme est renvoyé outre-manche : en 2007, après deux années passées en Angleterre, Abraham est de retour à Paris. Sans domicile, ni travail. Sans perspectives.

 

 

Abraham raconte sa vie de sans-papier en France (en anglais)


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[Traduction: « Je n’ai pas d’aide financière de l’Etat, je n’ai aucune source de revenu, je n’ai pas de travail, je n’ai pas de papiers, je n’ai pas de domicile. Ça fait déjà cinq années. Cinq années, sans rien. Avec la dépression et le stress, sans maison, sans argent. Je dois aller à l’école pour apprendre le français, et ensuite je commencerai à travailler. Ils (les autorités françaises) connaissent la situation de l’Érythrée. C’est une dictature. Si j’y retourne, ils me tueront. Ma vie, c’est la mort, si je retourne dans mon pays. Je suis parti illégalement d’Érythrée, c’est pourquoi le gouvernement me recherche encore. Ma mère est en prison maintenant. A cause de moi. Quand quelqu’un s’enfuit du service militaire, le gouvernement demande à la famille de faire revenir son enfant, ou tu vas en prison, ou tu payes 50000 à 80000 Nakfa (2500 à 4000 euros). Mon message ? Je demande aux Français et au gouvernement français d’écouter mes problèmes. Je veux être accepté ici. C’est tout ».]

 

A son retour d’Angleterre, Abraham demande à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) un réexamen de son dossier. La demande est de nouveau rejetée. Aujourd'hui, pour éviter l’expulsion, le jeune homme n’a plus qu’un seul recours possible : une intervention gracieuse du préfet du Pas-de-Calais. Avec le soutien de Terre d’Errance, Abraham demande au préfet Pierre de Bousquet de Florian de lui accorder un titre de séjour pour raison humanitaire. Une pétition lancée par l’association la semaine dernière a déjà obtenu plus de deux cent signatures.


 

Jérémy, bénévole de l’association Terre d’Errance, lance un appel au préfet du Pas-de-Calais.


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A 30 ans, Abraham veut toujours croire en son avenir. Son premier objectif est de retourner en Érythrée, dès que sa sécurité ne sera plus menacée. En attendant, Abraham se verrait bien… cuisinier. Depuis 2005, le jeune homme a eu le temps d’apprendre les rudiments de notre langue.

 

Abraham: "Peut-être le futur, c'est bien"


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Pascale Defrance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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