24/03/2010

Une journée pour tout remettre au lendemain, sans culpabiliser

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Les mères, les grand-mères, les secrétaires : toutes ont leur journée dédiée. Désormais, la procrastination, et surtout ses adeptes -pas toujours consentants d’ailleurs- ont la leur. Ce jeudi 25 mars a lieu la journée nationale de la procrastination. L’occasion de faire le point sur cette tendance à toujours remettre au lendemain.


« Procrastination : nom féminin du latin procrastino, ajournement. Tendance pathologique à différer, à remettre l’action au lendemain ». Si la définition du Larousse donne une idée plutôt claire de ce qu’est cette paresse améliorée, elle peine à exprimer la détresse de ceux qui, chaque jour, sont simplement dans l’incapacité de faire ce qu’ils ont à faire. De la feuille de soin à poster, au mémoire à écrire en passant par le ménage à faire ou le coup de fil à son vieil oncle qu’on se jure de passer depuis des semaines, le « procrastinateur » est en proie à cette tendance permanente à remettre à plus tard ce qu’il a tout à fait conscience de devoir faire le jour même.

L’artiste anglais John Kelly, diplômé du prestigieux Royal College of Art de Londres en donne sa vision avec humour dans ce court-métrage d’animation:

 

« Imaginez si Roméo avait repoussé au lendemain son suicide, il aurait pu terminer ses jours avec Juliette »


Désormais, les adeptes/victimes de la procrastination ont sur la toile un site communautaire où raconter leurs anecdotes et exprimer leur angoisse.

Le site « demain c’est bien aussi »  donne la parole aux internautes. On y trouve ici un appel au secours d’un lycéen qui n’a toujours pas commencé son commentaire composé à rendre l’après-midi même, là des clins d’œil plein d’humour sur le quotidien amoureux, professionnel, familial.

« Il y a onze mois, je devais prendre un RV urgent chez la gynéco... J'ai repoussé jusqu'au mois suivant, laissé passé encore quelques semaines. Résultat, je dois prendre RV chez le pédiatre (c'est urgent, les premiers vaccins auraient dû être fait il y a deux semaine !) » s’amuse par exemple Carokine le 23 mars.

À l’origine de la journée nationale de la procrastination et de ce site Internet, la jeune maison d’édition Anabet qui sort en avril le livre du même nom, par les auteurs allemands Kathrin Passig et Sascha Lobo. Demain c'est bien aussi entend aborder le phénomène avec légèreté et parle davantage de mauvaises habitudes que de « pathologie » tout en donnant quelques conseils pour déculpabiliser.

Sur Internet, la procrastination est devenu un atome crochu communautaire bien avant la mise en ligne du site demaincestbienaussi.com. Sur facebook notamment, on trouve plusieurs centaines de groupes sobrement intitulés « procrastination ».

 

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D’autres rendent facebook et myspace responsables de leur incapacité à se mettre au travail, voire à dormir. « Facebook & Myspace = the reason for my sleep deprivation & procrastinating » (Facebook & myspace = les causes de la procrastination et de mon manque de sommeil) se veut le groupe des « personnes qui perdent le sommeil et ne finissent pas leur travail avant le petit matin parce qu’elles sont trop occupées à surfer sur myspace et facebook »

Le groupe « How do you spell « Procrastination » ? F A C E B O O K » (Comment épelle-t-on procrastination ? F A C E B O O K ) totalise quant à lui près de 6000 fans.

Si l’on préfère sourire du phénomène plutôt que d’en pleurer, les activités de procrastination occuperaient d’après Passing et Lobo, environ un tiers du temps de veille quotidien d'un étudiant.

Les psychologues rappellent par ailleurs que derrière la procrastination peut se cacher une fuite en avant liée à une difficulté -en l’occurrence pathologique- à assumer une position ou un rôle assigné.

Mais demain, c’est officiel, on y a droit !

 

Hélène David

 

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