24/03/2010

La muse Alice dans tous ses états

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La recette n’a pas pris la poussière, depuis 1865. Une jolie chevelure blonde, une robe bleue pâle en corolle, un lapin pressé, un matou psychédélique et une reine hystérique. Le cocktail Alice, sorti tout droit de l’imaginaire fertile du loufoque Lewis Caroll, continue de répandre sa magie créatrice.


Il faut croire que la jeune muse aux boucles blondes dispense ses charmes auprès des réalisateurs. Au total, on recense une soixantaine d’adaptations de "Alice aux pays des merveilles" sur grand et petit écrans. Aujourd’hui, c’est au tour de Tim Burton de s’essayer à l’exercice, en version blockbuster Disney et 3D révolutionnaire.  L’occasion de revenir sur une carrière cinématographique de plus d’un siècle.

 

En 1903, Cecil M. Hepworth est le premier réalisateur à porter le conte de Lewis Caroll sur grand écran, seulement huit après la naissance du cinéma. Retrouvé par la British Film Institute, le film a été laborieusement restauré en février 2010. La version – lacunaire – n’a pu récupérer que 8 minutes sur les 12 d’origine.

 

La mythique société de production de Paramount avait aussi flairé le potentiel de l’actrice en herbe. En 1933, elle lance son « Alice in Wonderland » avec un casting exceptionnel : Gary Cooper en chevalier blanc, et –ça vaut le coup d’œil- Cary Grant en tortue.

 

La version la plus connue est sans conteste celle de Walt Disney. Sorti en 1951, le dessin animé retranscrit bien l’univers surréaliste et psychédélique du livre, avec cette touche d’humour qui fait la marque de fabrique des studios Disney.

 

Retour en Grande Bretagne, en 1972 avec cette version de William Sterling. La jeune Alice y pousse cette fois la chansonnette, dans une comédie musicale haute en couleurs.

 

L’héroïne de Lewis Caroll a également connu une carrière à l’international. Au Japon, par exemple, elle a été adaptée aux couleurs locales sous les traits d’une jeune ingénue version manga. Un choc culturel, mais le langage de l’imaginaire est universel.

2010, enfin. Tim Burton s’attaque à son tour au conte onirique publié il y a 140 ans, s’autorisant au passage quelques libertés. Avec le renfort de la technologie 3D, le dernier film du réalisateur de "Edward aux mains d’argent" a déjà rapporté plus de cinq cent millions de dollars, soit le double de son budget.

 

Témoin du XXème siècle :

La petite blondinette aux boucles sages a beau rester une éternelle enfant, elle a connu toutes les métamorphoses du XXème siècle. En grand témoin de l’évolution des mœurs, elle a par exemple servi à présenter des leçons de conduite automobile (« Alice in motorland») alors que la voiture commençait tout juste à se démocratiser.

Studieuse, la jeune Alice s’est également retrouvée adaptée aux domaines les plus absurdes. Non seulement elle a traversé le miroir des mathématiques modernes (« Alice in Numberland »), mais elle s’est même essayée à la physique quantique (« Alice et le physique quantique »).

Comme tout adolescent qui se respecte, Alice a aussi connu sa période rebelle. Utilisée pour critiquer la politique de l’industrie du papier pendant la guerre (« Alice through the Paper Mill », 1940), elle a aussi constitué un avatar de la lutte contre la guerre du Vietnam (« the campaign Alice » 1971).

Plus mature, la belle Alice a su jouer de ses charmes, et raccourcir d’un coup de ciseaux rageur la taille de ses jupes. Bandes dessinées en dominatrice (« Latex Alice »), aventures pornographiques, métamorphose en manga, culotte blanche provocante dans la pure tradition de la Lolita de Nabokov.

On comprend que la petite fille modèle, laissant libre cours aux imaginations les plus débridées, a provoqué le débat. Les censeurs du New Hampshire interdirent le livre de la demoiselle enrubannée, à cause de « références à la masturbation ». Les Chinois, en 1931, réglèrent le problème de manière lapidaire. Ils censurèrent le livre, sous prétexte que «les animaux ne parlent pas ». Pour la magie des contes, on repassera.

 

Charlotte Chabas

 

Pour voir "Alice au pays des merveilles" à Lille en 3D, rendez vous au Majestic et à l'UGC de la rue de Béthune. Ce dernier a justement profité de cette sortie très attendue pour adopter cette nouvelle technologie spectaculaire.

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